Pascal Siakam rend le spécial banal

On the growth and consistency of Pascal, but in French.

The following is a French translation of an article titled “Pascal Siakam is making the special mundane.” The translator is Lucas Favero.

Le secret de la vie, c’est que la vérité reste vraie partout. Prenons la physique par exemple : la gravité est à la fois la force minuscule qui me permet de rester confortablement installé dans une chaise, qui ancre certaines personnes (mais apparemment pas tout le monde) au sol. Mais la gravité est aussi la force monstrueuse qui crée les marées de nos océans, qui ancre la Lune à notre Terre. La vérité est vraie, que ce soit à notre petite échelle humaine ou à une échelle bien plus grande comme celle de l’espace.

Pascal Siakam est l’un des meilleurs joueurs de la NBA depuis presque deux mois. C’est vrai, que ce soit à notre petite échelle humaine ou à une échelle bien plus grande comme celle de l’espace. La constance de sa conquête a fait que Raptors Republic a déversé des montagnes d’encre numérique à son sujet. Encore et encore et encore et encore, nous avons décrit son génie récurrent, dans des articles récurrents, allant et venant, comme les marées, tirées par la gravité des réalisations de Siakam.

Alors que reste-t-il à dire sur Siakam ? Il n’a rien fait de nouveau, à proprement parler, contre les Denver Nuggets. Ses sauts, ses isolations, ses crossovers, ses spins, ses passes : comme des atomes, ils constituent les fondations de sa superstar, les outils de son métier. Il a mangé de l’espace au poste et a fait pleuvoir les step-backs à mi-distance sur la tête d’Aaron Gordon, a annihilé Jeff Green avec un crossover en transition, a contourné Nikola Jokic avec un eurostep comme si la gravité elle-même retenait Jokic. Il a marqué trois 3-pts et a planté des step-backs en toute fin de possession pour calmer le momentum de Denver dans le quatrième quart. Il a fait deux actions parfaites sur les deux dernières possessions de Toronto : fixer et trouver le coéquipier libre. La défaite n’est pas de sa faute.

Ses highlights étaient spectaculaires, mais ce n’était pas nouveau, pas pour lui. Le spécial est devenu banal.

Ses highlights contre Denver n’étaient que des bons vieux produits faits avec les bons vieux outils qu’il a aiguisés jusqu’à la quasi perfection. Rien de différent contre Denver, puisqu’il s’est simplement frotté en tête à tête au MVP en titre, qui est d’ailleurs encore meilleur cette saison et qui a fait sa meilleure performance contre les Raptors. En effet, pourquoi pas ? Jokic aurait été réduit au statut de figurant s’il n’avait pas volé la vedette du match avec son contre pour la victoire sur OG Anunoby au buzzer. Il est difficile de savoir dans quelle histoire ce match s’est inscrit, celle de Siakam ou celle de Jokic ? Mais le fait même de leur existence dans cet espace narratif ténu et terrifiant, Siakam et le MVP, témoigne de l’ampleur de l’ascension du Camerounais.

La gravité est peut-être le plus grand pouvoir de Siakam, ou du moins le plus grand effet créé par ses pouvoirs. Il attire plus que la défense, la critique aussi, des fans et des détracteurs, et un éventail de croyances fermement établies sur son jeu. Ça lui colle à la peau et il a du mal à s’en défaire. Ses périodes creuses, dans le passé, ont tourné à la spirale. Mais contre Denver, la défense a fait une fixette sur lui comme des réactionnaires sur Twitter, et pourtant il s’est débarrassé d’Aaron Gordon et de sa horde d’assistants avec une relative facilité. Et comme la Lune est stable, en orbite autour de la Terre, l’attaque de Toronto gravite autour des propres mouvements de Siakam. En transition, il attire tellement les regards et les corps que les défenseurs doivent s’y mettre à deux, et plus encore, et c’est à ce moment-là que Siakam écarte sur Fred VanVleet pour des 3-pts qui viennent tutoyer la lune. Ils ont même utilisé ce schéma sur demi-terrain contre Denver. Alors que le match touchait à sa fin, Siakam a porté la balle sur deux possessions consécutives, avec VanVleet qui courait pour lui poser un écran et s’effaçait rapidement pour prendre le tir. À chaque fois, la défense a priorisé Siakam à VanVleet, peut-être le meilleur shooter de la NBA cette année. Et VanVleet en a mis un mais a raté l’autre. C’est la vie.

C’est comme ça que les joueurs s’améliorent : de palier en palier jusqu’à leur plafond, de la marée clapotante à l’explosion tsunamique. C’est ainsi que Norm a passé un cap en 2019-20 ; il a entamé une grosse série de matchs et ne s’est toujours pas arrêté. Peut-être que Gary Trent Jr. est en train de suivre ce même processus. Mais Siakam aussi semble l’être. À quel moment peut-on dire que c’est bien le niveau de Siakam ? S’agit-il d’une longue série de grosses performances ou simplement la révélation d’une vérité, vraie quel que soit l’adversaire ou la salle, le défenseur ou les systèmes défensifs.

“Freddie et Pascal ne cessent de jouer de mieux en mieux et se frayent un chemin dans les discussions sur le fait qu’ils soient plus que des bons petits joueurs, ils sont des joueurs stars”, a déclaré Nick Nurse.

Respirez avec moi, au rythme des marées : inspirez…expirez…inspirez…expirez. Zoom avant. Son tir en suspension n’a jamais été aussi bon. Son handle n’a jamais été aussi fin. Ses passes n’ont jamais été aussi précises. Zoom arrière. Points : 25, 33, 24, 27, 30 et maintenant 35. Chaque match a été une pure merveille, six performances parfaites à la suite. Zoom avant : “J’ai l’impression de pouvoir atteindre le cercle quand j’en ai envie”, a déclaré Siakam après le match. Ça en a tout l’air. Zoom arrière : La dernière fois qu’il a terminé un match avec moins de quatre passes décisives, c’était à la mi-janvier.

C’est à ça que ressemble la célébrité. Ce ne sont pas des éclairs de génie, des éruptions, des moments d’éclat au milieu de moments de vide. Une vérité : nous ne sommes pas définis par nos meilleurs jours. La célébrité, c’est l’uniformité de la performance, répondre aux attentes encore et encore comme la Lune gravite autour de la Terre et les marées varient, jour après jour. La célébrité est ennuyante. Et c’est ce que Siakam est devenu. Nous sommes à court de mots pour écrire à son sujet car il l’a déjà fait avant, de cette façon, encore et encore. Laissez tomber vos a priori et observez-le, son jeu des derniers mois, dans les détails et dans son ensemble. Regardez autour de vous. Faites un tour sur vous-même, comme lui. C’est une star. Pascal Siakam en a fait une vérité.