The following is a French translation of an article published under the title “Chris Boucher and Precious Achiuwa are Toronto’s gruesome twosome off the bench.” You can read it here. The author is Louis Zatzman and the translator Lucas Favero.
Je ne donnerais pas de noms, parce que je ne suis pas mesquin, mais un bon nombre de personnes – fans, rédacteurs, tout le monde – ont critiqué le fait que Chris Boucher et Precious Achiuwa aient joué ensemble tôt dans la saison. Ils n’ont pas eu beaucoup de temps de jeu ensemble au début, jouant trois minutes et demie ensemble lors du deuxième match de Toronto et avec plus ou moins le même rythme sur les semaines suivantes. Et à la décharge des critiques, les chiffres n’ont pas toujours été glorieux. En fait, au cours du mois d’octobre, le duo a eu le pire net rating parmi les Raptors qui ont joué 10 minutes ou plus ensemble, à -44.
Ils n’ont pas franchi la barrière des minutes à deux chiffres avant le 11 novembre, période où les Raptors étaient privés de Khem Birch et Pascal Siakam. Ils ont bien joué – terminant leurs 14 minutes de jeu ensemble à +1 de net rating dans la victoire de Toronto face aux Philadelphia 76ers. Bien que modeste, c’était le début de quelque chose de beau. Au cours des mois suivants, cette jeune pousse allait grandir.
L’origine de cette consternation générale concernant leur temps de jeu ensemble était claire. Boucher était dans une mauvaise passe en début d’année, prenant de mauvaises décisions et essayant de plus en plus de se sortir de cette panne au shoot. Achiuwa n’était pas prêt à attaquer à la vitesse requise et faisait souvent de mauvais choix par manque de conscience ou de capacité à lire le jeu et ce qu’il se passait autour de lui. L’idée – tout à fait légitime ! – est que les Raptors ne peuvent se permettre de faire jouer ensemble autant de joueurs à la fois chaotiques et peu conscients de leur environnement.
Bien que ces critiques aient pu être légitimes en début d’année, elles sont rapidement devenues fausses. Boucher est devenu l’un des joueurs les plus réguliers de Toronto, constant sur le plan défensif et se restreignant presque exclusivement au spacing et à la lutte au rebond en attaque. “Chris Boucher c’est de la longueur que l’on a armée”, pour reprendre les mots de Samson Folk. Achiuwa est une bougie d’allumage, un stoppeur défensif à tous les postes et un homme à tout faire sur le plan offensif (tir, rebond offensif, drive, passe, création pour soi, pose d’écran : sérieusement il sait tout faire).
Au lieu de condamner les Raptors avec leur approche similaire du jeu, ils élèvent maintenant l’équipe lorsqu’ils entrent en jeu ensemble au milieu du premier quart-temps. Achiuwa et Boucher sont tous deux plus développés sur le plan défensif, et ils fonctionnent ensemble par la grâce du dieu de la longueur. Ces joueurs travaillent en synergie comme MF DOOM et Madlib, les mots ne suffisent plus. Alors laissez-vous guider par les chiffres à la place.
Les 5 comprenant Achiuwa et Boucher sont meilleurs que 97% de la ligue pour ce qui est de forcer les tirs ratés par l’adversaire. Bon, d’accord, quelques mots aussi : Les adversaires loupent d’à peu près partout sur le terrain; l’horloge de l’apocalypse commence à 11:59 dès qu’Achiuwa et Boucher font leur ronde. Ils font presque toujours les bonnes rotations, et tous deux ont l’immense envergure nécessaire pour dissuader les tirs extérieurs et forcer l’adversaire à pénétrer. Celui qui ne s’occupe pas d’agresser le porteur de balle avec un close-out dans la rotation est généralement sur le côté faible, assez long et rapide pour se placer loin dans le couloir et avoir confiance en sa vitesse de récupération si un renversement est effectué à l’autre bout du terrain. Mais la véritable intention de ce dernier défenseur est de partir depuis le côté faible et d’arriver au cercle à pleine vitesse. Ils sont deux des trois meilleurs protecteurs de cercle de Toronto (Pascal Siakam étant le troisième). Je reste parfois sans voix en regardant les adversaires être perdus à essayer de créer des décalages alors que les deux se répartissent chacun leur territoire sur le parquet.
Depuis le début de 2022, Boucher et Achiuwa sont pratiquement liés sur le terrain. Ils ont joué 20 minutes ensemble dans une victoire face aux New Orleans Pelicans le 11 janvier, mais ce n’était pas forcément que parce que Toronto jouait avec une rotation de huit joueurs ce soir-là – tout le monde a joué beaucoup de minutes ensemble. Mais cela n’a pas cessé depuis. À quelques exceptions près – Nick Nurse n’hésite pas à mettre fin aux rotations normales s’il n’aime pas la façon dont les choses se passent – Achiuwa et Boucher ont joué entre 15 et 20 minutes ensemble à chaque match depuis le début de l’année.
Le banc de Toronto a été problématique pendant une grande partie de la saison. La complicité de Boucher et Achiuwa a contribué à résoudre ce problème. Contre les Atlanta Hawks, ils ont terminé leurs 20 minutes ensemble à +11 de net rating. Achiuwa a peu marqué mais a formidablement bien défendu. Boucher a fait pleuvoir les 3 points. Sur la saison, maintenant, ils ont un net rating de +4,1 quand ils jouent ensemble. C’est de toute beauté pour deux joueurs de banc dans ce qui a été une équipe en manque de profondeur.
Leur énergie est contagieuse. Les critiques faites à l’encontre des deux joueurs en début d’année se sont avérées vraies dans un sens : ils ont le même état d’esprit. Mais cela s’est avéré être un énorme point positif !
“Je pense que nous apportons la même énergie, avec un physique différent et un style de jeu différent”, a déclaré Boucher. “Precious est plus costaud, plus physique. Je suis plus rapide, je pense que c’est un bon combo. Et nous savons que quand nous entrons dans le match, nous devons apporter quelque chose en plus.”
Les deux sont capables de s’écarter du panier en attaque, de poser des écrans et de se battre pour le rebond offensif. Ce ne sont pas toujours des compétences multiplicatives, mais le fait qu’ils puissent tous deux tirer signifie qu’ils peuvent jouer ensemble. L’attaque n’est pas toujours efficace – ils affichent ensemble un pourcentage effectif de réussite au tir (eFG%) seulement au-dessus de 6% de la ligue – mais ils prennent tellement de rebonds offensifs que ça fonctionne. L’identité de Toronto est axée sur la défense, et le duo Boucher-Achiuwa en est l’incarnation.
Il est rare qu’un joueur soit en chute libre sur plusieurs semaines pour finalement s’en sortir et retrouver sa forme. Il est encore plus rare que deux joueurs suivent ce même cycle. Et il est encore plus exceptionnel que ces deux joueurs soient autant liés quand ils jouent ensemble. Ils sont deux des éléments les plus chaotiques de Toronto. Pourtant, quand on les met ensemble sur le terrain, ils sont bien plus puissants que lorsqu’ils sont séparés, capables de non seulement élever le niveau de jeu des Raptors mais aussi d’aller jusqu’à le définir.